Une expérience de classe ou de terrain : L'utilisation d'une clé de détermination

Les clés de déterminations sont une des meilleures façons de pousser les élèves vers l'observation des plantes et ainsi leur apprendre à reconnaître les plantes de notre flore ou tout autre sujet. Cependant, l' utilisation d'un ouvrage riche en espèces, aussi bien fait soit-il, rend la recherche longue et les retours en arrière très compliqués. En bref, elle peut devenir un gros flop où on doit faire face, à côté de l'élève, à la recherche d'une plante qui n'est peut-être même pas au bout des ramifications.

Alors, comment travailler sur des clés de déterminations sans dégouter vos têtes pensantes ou se retrouver soi-même perdu dans les ramifications ? Faites tout vous-même ou trichez un peu. Voici deux méthodes testées et approuvées.

1. La clé construite avec les élèves (classe à partir du CE2 ) - Durée : 1h30 environ

L'activité se fait en classe et se prépare sur la colline près de chez vous. Ramassez une série d'échantillons réunissant ces trois qualités : caractéristiques de votre environnement, similitudes entre deux espèces et particularité spécifique nette. Pour mon activité j'ai choisi : Chêne vert (échantillons aux feuilles piquantes), Chêne kermès, Ciste cotonneux (Ciste blanc), Chèvrefeuille des Baléares, Thym, Asperge sauvage, Romarin et Pin d'Alep. En tout huit plantes, pas une de plus.

Premier secret : la bonne répartition des plantes dans la classe

La bonne répartition des plantes sur les tables va être très importante pour la réussite de votre clé. Assurez-vous que les élèves proches ont des plantes proches dans la forme des feuilles comme, par exemple, le chêne kermès et le chêne vert, le chèvrefeuille des Baléares et le ciste, le thym et l'asperge sauvage, le romarin et le pin d'Alep. Utilisez votre tableau pour y disposer les huit plantes fixées par des aimants ou de la "patafix". Faites tout cela avant l'arrivée des élèves au cours d'une récréation par exemple.

Les outils de l'observation des plantes.

On peut commencer la séance par une introduction sur l'utilisation de nos sens pour observer une plante. On fait un petit tour de table pour demander comment les élèves pourraient décrire leur plante : c'est là que vont ressortir les mots : grand, petit, piquant, doux, vert, qui sent bon..etc. On propose alors aux élèves d'utiliser ces critères pour élaborer un outil qui servira à séparer les plantes et retrouver leur nom sans se tromper : la clé de détermination.

Après l'introduction on attaque le vif du sujet, comment savoir si la feuille de la plante de Théo est plus grande que celle de Chloé si on ne peut pas les mettre côte à côte ? L'utilisation d'une règle sera la solution à notre problème, mais que va-t-on mesurer ?

Ch^èvrefeuille des Baléares

En s'aidant d'un dessin sur le tableau et d'une grande règle, on va mettre en place deux mesures : la longueur et la largeur.

On passe alors à une application pratique, les élèves mesurent chacun la longueur de leur feuille après l'avoir détachée délicatement (sans casser sa queue). Le bilan est en général assez clair : les mesures sont différentes même pour des plantes qui se ressemblent beaucoup.

La construction de la clé de détermination

On ne peut donc pas dire qu'une plante a toutes ses feuilles d'une longueur précise par contre on voit bien que les feuilles ne dépassent jamais une certaine longueur et de la même manière que les feuilles qui ont fini de grandir font toujours plus qu'une certaine longueur. On va utiliser cela pour faire deux ensembles : les plantes à feuilles courtes et celles à feuilles longues et pour notre exemple d'échantillon nous choisissons comme mesure 1 cm.

On tire un trait vertical sur le tableau : colonne de gauche on dispose les plantes aux feuilles "courtes" mesurant moins de 1 cm et à droite les autres. On obtient : d'un côté le thym et l'asperge et de l'autre, 6 autres plantes.

On poursuit avec les deux espèces de la colonne de gauche (qui sont entre les mains d'élèves proches) et rapidement deux nouveaux caractères ressortent : le côté piquant de l'asparagus et le côté aromatique du thym. On trace alors deux nouvelles colonnes avec ,d'un côté, les plantes qui piquent où se place l'asperge et de l'autre celles qui ne piquent pas, le thym. On ajoute ensuite, côté asperge "qui ne sent pas" et de l'autre "qui est parfumée ou aromatique", on termine en marquant le nom de la plante sous l'échantillon et on passe à la colonne de droite où il reste : les deux Chênes, le Chèvrefeuille, le Ciste, le Romarin et le Pin.

Les élèves seront sans doute tentés de faire comme pour les plantes précédentes "piquante" "non piquante" et là, rapidement, il se présentera un problème : certains élèves vont trouver les aiguilles de pin piquantes et d'autres non, on ne va donc pas utiliser ce critère et devoir en trouver un autre. Quelle différence entre une feuille de Romarin et de Chêne ?... la largeur !

Le résultat au tableau
Le résultat au tableau

Deux nouvelles colonnes sont tracées pour séparer les feuilles étroites (moins de 5 mm par exemple) et les feuilles larges (plus de 5 mm). On sépare ainsi le pin et le romarin d'un côté et de l'autre Chêne vert, Chêne kermès, Chèvrefeuille et Ciste.

On poursuit avec Pin et Romarin et là, plusieurs critères pourront être trouvés, parmi lesquels le parfum, la répartition des feuilles le long de la tige, par deux ou non..etc.

Pour les plantes qui restent, c'est le critère piquant qui reviendra pour séparer les Chênes et puis la couleur du dessous grise pour le Chêne vert et verte pour le Chêne kermès. Si le problème du "piquant" se pose comme pour le pin cette fois-ci, on pourra le détourner en parlant de "plante dont les feuilles portent des piquants". Pour les deux derniers, la douceur du ciste le séparera facilement du chèvrefeuille.

On remplace ensuite les traits des colonnes par des lignes terminées par deux flèches et la clé de détermination est terminée prête à être testée.

Le test de la clé de détermination : le coup de téléphone.

Pour vérifier l'efficacité de la clé, on invente un coup de téléphone au cours duquel un élève, qui reçoit l'appel, va devoir retrouver le nom de la plante en suivant les descriptions de son interlocuteur (le maître) en s'aidant du tableau. "Allo Hugo ?" "Je suis dans la colline près de l'école et j'ai trouvé une plante aux feuilles très courtes qui piquent, peux-tu me trouver son nom ?..etc. C'est amusant et ça marche !

2. L'utilisation de clés déjà faites - Niveau CM1 minimum jusqu'à 6e.

Il y a, au moins, deux façons de procéder et dans les deux cas une préparation est nécessaire.

L'identification des plantes sur pied

Si vous utilisez une clé de détermination sur le terrain, vérifiez que les plantes présentes sont bien celles figurant dans la clé. Un repérage est donc indispensable. Si vous le pouvez, profitez-en pour marquer les plantes à identifier (couleur, numéro) pour éviter que les élèves ne se mettent à chercher des plantes absentes de la clé ou fassent leur recherche après avoir arraché toutes les jolies petites fleurs présentes ce jour-là, ou enfin que certains passent 1/4 d'heure devant un bâton sans feuilles (il y a du vécu là-dessous...)

À l'aide de la clé, par groupe de 2-3, les élèves vont devoir trouver par exemple le nom de 4-6 plantes différentes (2 par élève du groupe, et chacun la sienne).

L'identification à l'aide d'échantillons

La deuxième méthode consiste à ramasser vous-même les échantillons à identifier et, dans ce cas, l'activité pourra se faire en classe ou sur le terrain. De la même façon, vérifiez l'efficacité de la clé avant.

E. PENSA