Partie 1 - Les mille-pattes diplopodes : iules et gloméris

Les mille-pattes diplopodes ont pour représentant le plus populaire l'iule. Du jardin à la forêt, ce mille-pattes est connu pour sa façon de se rouler en spirale lorsqu'on le dérange. Cet article est une invitation à une meilleure connaissance de ce groupe d'animaux nommé myriapodes diplopodes. Il est suivi d'une seconde partie consacrée aux Chilopodes.

Classification

Les mille-pattes se rangent dans 4 classes en fonction de la présence ou non de crochets à venin (forcipules), de la taille et du nombre de paires de pattes par segment.

Pour simplifier, les deux principales classes de mille-pattes sont :

  • la classe des chilopodes, regroupant les animaux pourvus de crochets à venin (forcipules) et d'une paire de pattes par anneau.
  • la classe des diplopodes se distingue par ses deux paires de pattes par segment et par l'absence de forcipules.
  • Les deux autres classes contiennent des espèces de petite taille (quelque mm à 1 cm) au corps mou.
    • les Symphyles qui mesurent environ 1 cm
    • et les Pauropodes mesurant au maximum 5mm ils n'ont que 6 segments . 2 paires de pattes par segment (mais plus de 14 pattes)

Diplopode, un corps pas si simple qu'il y parait

Morphologie du diplopode
Morphologie du diplopode

Les diplopodes réunissent donc les deux caractères suivants : l'absence de forcipules et la présence de deux paires de pattes par segment ? Pas vraiment, en fait, les deux paires ne sont présentes qu'à partir du cinquième anneau après la tête. La tête et le premier segment n'ont aucune patte. Les trois anneaux qui suivent n'en portent qu'une seule paire. (voir schéma ci-contre)

Ainsi, malgré les apparences, leur corps ne se limite pas à une tête et un abdomen. On peut distinguer, comme chez les insectes tête-thorax-abdomen même si cela reste, à l'œil nu, peu évident.

  • La tête porte une paire d'antennes simples, des pièces buccales et d'une paire de taches oculaires formées d'un ensemble d'ocelles.
  • Le thorax est formé d'un premier segment apode suivi de trois segments pourvus d'une seule paire de pattes plus courtes que celles du reste du corps. Le thorax porte également l'orifice génital de la femelle sur le troisième ou le quatrième segment.
  • L'abdomen correspond au reste du corps. Il porte, sauf à son extrémité, deux paires de pattes par segments et assure à la fois la respiration, la locomotion et la reproduction (chez les mâles).
Mille pattes ?

Eumillipes persephone Avec quatre pattes par segment, s'il devait exister un vrai "mille-pattes" il devrait appartenir à cette classe. En 2005 en Californie, la redécouverte de l'espèce Illacme plenipes disparue depuis 1926 a soulevé tous les espoirs, la femelle ayant été décrite avec 1300 pattes. Malheureusement les femelles trouvées ne comptent en réalité "que" 752 pattes ce qui donne tout de même à cette espèce le record du nombre de pattes chez un être vivant. Cette espèce est présente sur un territoire réduit à seulement 4500 m2 ou moins d'une vingtaine d'individus ont été trouvés. C'est finalement en Australie occidentale que fut découvert le premier myriapode avec 1 306 pattes, Eumillipes persephone.

Parades anti-agression

Iule en volvation

Chez les mille-pattes diplopodes, le nombre important de pattes est un handicap lorsqu'ils doivent se déplacer. Aller vite se termine toujours par des accrochages de pattes et une chute les rendant vulnérables. Dépourvus de crochets à venin , ils possèdent néanmoins deux moyens de défense :

  • Leur corps possède des glandes répugnatoires qui évacuent par des pores situés sur certains segments des substances répulsives et toxiques (quinones, composés cyanhydriques, alcaloïdes...). Lorsqu'on prend un iule dans la main, il arrive souvent qu'il nous laisse un liquide orangé à forte odeur.
  • La seconde parade se nomme volvation. Derrière ce mot se cache simplement leur capacité à s'enrouler sur eux-mêmes. Pour y arriver, les segments disposés les uns sous les autres.

La reproduction des mille-pattes diplopodes

C'est en automne et au printemps que se déroule la reproduction. Les mâles partent à la recherche des femelles en se servant de leur odorat. Une fois réuni, le couple se forme et le mâle s'accroche à la femelle pour la féconder avec ses pattes reproductrices (gonopodes). Quelque temps après, une dizaine à une centaine d'œufs sont pondus dans la terre après avoir confectionné un abri ou un cocon pour un ou plusieurs œufs (varie selon les espèces).

Développement

De l'œuf sortira d'abord un animal blanchâtre, un embryon fragile enfermé dans une enveloppe où il restera deux jours (pupoïde). Cette seconde éclosion donnera une larve ressemblant à un mille-pattes à six pattes et au nombre d'anneaux réduit (8 en moyenne). Le passage à l'état adulte se fera après une série de mues qui donneront chacune de nouveaux segments, de nouvelles pattes, de nouveaux articles aux antennes et de nouveaux ocelles. Avant chaque mue, l'animal confectionne un cocon de terre pour se protéger de prédateurs.

Des auxiliaires parfois nuisibles

Iule Dans la Nature, les diplopodes sont des mangeurs de végétaux qu'ils trouvent à l'état débris, fruits et feuilles mortes déposés dans la litière. Ces éléments, lorsqu'ils sont absents comme dans les champs et jardins, peuvent être remplacés par des racines et bulbes causant ainsi des dégâts.

Quelques espèces courantes

Quelques espèces de diplopodes

Le plus connu des diplopodes est l'iule que l'on reconnait à son corps noir brillant et ses nombreuses petites pattes blanches. Lorsqu'il se sent agressé, il rejette un liquide jaunâtre nauséabond et s'enroule en spirale sur le côté en cachant ses pattes.

Presque aussi courants, mais moins reconnus, les gloméris par leur façon de s'enrouler en boule et leur taille sont souvent confondus avec des cloportes.(Ces derniers ont un corps gris à 14 pattes et sont des crustacés)

Les polydesmes au corps aplati vivent dans la litière des forêts fraîches.

Beaucoup plus difficiles à trouver, les polyxènes sont les plus petits diplopodes avec moins de 2 mm de long. Ils se reconnaissent à leur corps portant des touffes de poils, y compris à l'arrière.

Quelques photos

Les mouvements rapides des mille-pattes comme les iules rendent l'observation difficile, voici quelques clichés obtenus avec un spécimen assez calme et la légende des parties visibles

Suite de cet article

Partie 2 - Les mille-pattes chilopodes : lithobies, scutigère et scolopendres à retrouver ici

E. PENSA