Les galles des chênes

Vous avez sans doute remarqué la présence sur les chênes de petites sphères en bois de la grosseur d'une bille ou de drôles de "champignons visqueux" marron-rouge comme collés sur les glands. Il existe une grande variété de ces objets naturels fixés sur les fleurs, les fruits, les bourgeons ou les feuilles des chênes. On les appelle des galles ou cécidies, et voici leur origine.

noix de galle
La noix de galle, une des cécidies
les plus fréquentes

Réactions en chêne ..

Lorsqu'un moustique nous pique, notre corps réagit à cette intrusion par la formation d'un bouton. Les plantes peuvent, elles aussi, réagir à la piqûre de certains insectes, on assiste alors à l'apparition d'une galle. Celle-ci fait partie des partenariats étranges entre insectes et plantes. Les hyménoptères de la famille des Cynipidés comptent le plus d'espèces galligènes des chênes. Ces insectes ressemblants à de gros moucherons dodus ne se montrent que très rarement à moins que vous ne récoltiez quelques cécidies en fin de cycle et attendiez leur ouverture. Le plus étrange est que chaque espèce provoque une forme de galle spécifique, ce qui est bien pratique pour la détermination des responsables des malformations. Mais pourquoi des insectes viendraient-ils piquer un arbre ?

Tissus d'une feuille de chêne blanc amorçant la formation d'une galle

Lorsque la plante se transforme en nourrice.

L'insecte femelle vient sur l'arbre pour y déposer sa ponte et le choix de la zone va dépendre de la saison et de l'espèce ; bourgeons, feuilles, fleurs ou glands formant les principales cibles. En réaction, la zone où la ponte est introduite va amorcer une lente transformation de ses tissus qui finiront par isoler ces corps étrangers. Ainsi se forment la bille ou noix de galle, la lentille sous la feuille, ou le faux champignon gluant sur la cupule du gland. Malgré cette réaction, l'arbre ne va pas tuer les œufs, au contraire, la galle reste longtemps alimentée en sève en restant sur l'arbre (certaines ne tombent jamais). Isolée et protégée, la ponte donne naissance à des larves qui vont profiter de l'abri et de la sève. Les jeunes insectes seront donc nourris et logés jusqu'à la fin de leur développement et leur transformation en adultes (voir l'exemple d'Andricus kolari). Au cours de la formation des galles les plus épaisses (noix de galle), certains tissus vont même avoir comme fonction de faciliter la sortie des insectes par des galeries préformées.

À chaque espèce, sa galle.

Chaque espèce pouvant provoquer une ou plusieurs galles, on va trouver sur les chênes une grande diversité de formes, de la galle en pomme de chêne, à celle en casque de lancier ou en bouton de guêtre. Vous retrouverez tous ces exemples dans le guide des galles en suivant ce lien.

noix de galle
Cycle biologique de
Plagiotrochus quercusilicis
Des cycles de vie souvent complexes

Les cynipidés peuvent avoir deux générations par an et provoquer la formation de deux galles différentes (une pour chaque saison). Chez l'espèce Neuroterus quercusbaccarum, la première ponte a lieu en été sur les feuilles de Chêne blanc. Elle aboutit à la formation de galles en lentilles qui se détachent et se retrouvent au sol dans la litière pendant l'hiver. De ces galles sortent uniquement des femelles au début du printemps. Cette génération pond alors dans les écailles des bourgeons avant qu'ils ne s'ouvrent. S'en suit l'apparition de galles en groseille sur les chatons mâles (fleurs). Ces nouvelles galles libèrent une génération de mâles et de femelles au début de l'été et le cycle recommence. Un tel cycle se retrouve chez l'espèce provoquant les galles rouges sur les feuilles ou les chatons du chêne kermès au printemps (Plagiotrochus quercusilicis ), la seconde génération provoque des renflements au niveau des tiges en automne.

Les galles des autres végétaux

De nombreux végétaux portent des galles qui protègent et nourrissent des insectes pendant leur développement. En dehors des hyménoptères, le groupe provoquant de nombreuses cécidies est celui des pucerons (Aphididés). Ce sont bien sûr des espèces particulières, différentes de celles visibles sur les tiges dont se nourrissent les coccinelles. Dans le Midi, le Pistachier térébinthe est l'arbuste portant la plus grande diversité de galles de pucerons, celles-ci pouvant ressembler à des outres, les cornes, des gonflements ou des replis du bord des folioles. Vous retrouverez tous ces exemples dans le guide des galles.

E. PENSA