Partie 7 : Une Nature 'intelligente' - suite
Il existe des exceptions; notamment, chez certains Insectes comme les blattes et les mantes, les œufs sont regroupés dans une «oothèque», sorte d’enveloppe-coque rigide protectrice permettant aux œufs de se développer en milieu terrestre et aérien. D’ailleurs, pour compenser les pertes, souvent très importantes, les femelles pondent de très grandes quantités d'œufs ou d'ovules (on parle de stratégie «quantitative»).
Avec l’œuf amniotique, au contraire, la reproduction peut se faire de façon tout à fait indépendante du milieu aquatique, car, grâce à la coquille et à l’amnios, cet œuf contient une grande quantité d’eau, qu’il pourra maintenir durant toutes les étapes de son développement, jusqu’à l’éclosion. Certains scientifiques vont même jusqu’à dire que cet œuf amniotique «a emporté avec lui une petite portion de l’océan primitif» hors de l’eau, pour permettre à la reproduction de se faire en milieu terrestre et aérien! Comment ne pas voir là une magnifique adaptation, une évolution considérable permettant de franchir cette étape extrêmement difficile, l’affranchissement du milieu aquatique originel ? Pourtant, certains scientifiques ne voient pas dans cette invention de quoi s’extasier, prétextant même que cette sortie des eaux n’a rien de particulier, qu’elle ne représente pas, en fin de compte, de progrès significatif; à chacun son point de vue…
Météorite et crise biologique majeure
Au cours de l’histoire de la Terre et de la vie, on observe l’occurrence de périodes au cours desquelles de nombreux êtres vivants (au moins 50% des espèces, mais aussi des groupes plus vastes, comme des genres, des familles) disparaissent à tout jamais de notre belle planète. Parfois, c’est plus de 90% des espèces de certains milieux de vie qui sont éradiquées! On parle alors de «crise biologique majeure»; la plus célèbre est sans doute celle qui a mis fin au règne des dinosaures, il y a quelque 65 millions d’années…
L’occurrence de ce genre d’événement cataclysmique pourrait être considérée comme une preuve de plus de la cruauté de la nature, qui semble produire des êtres vivants pour mieux les exterminer par la suite… Toutefois, il s’avère que ces crises se sont bien souvent révélées être salutaires pour l’évolution des êtres vivants. Prenons un exemple concret.
Les Dinosaures ont peuplé la Terre pendant plus de 150 millions d’années, au cours de l’Ère secondaire: ils sont apparus il y a environ 230 millions d’années (à la fin d’une période appelée «Trias»), se sont considérablement développés au «Jurassique» (d’où le titre du fameux roman de Michael Crichton et du célébrissime film éponyme de Steven Spielberg) et ont presque tous disparu à la fin du «Crétacé» (presque tous, car les Oiseaux sont aujourd’hui considérés comme des Dinosaures, dits «aviens»).
Durant cette même période, les Mammifères existaient déjà (les plus anciens remontent à 220 millions d’années, et sont donc presque aussi anciens que les Dinosaures). Toutefois, ils ne représentent à cette époque qu’un nombre relativement restreint d’espèces, dont la plupart sont plutôt de petite taille (pas plus grands que des Souris), de mœurs nocturnes et de régime alimentaire insectivore. La majorité des niches écologiques est occupée par les Dinosaures..
Et puis, il y a donc 65 millions d'années, deux événements cataclysmiques surviennent simultanément: l'impact d'une météorite de dix kilomètres de diamètre et une très longue série d'éruptions volcaniques d'une ampleur extraordinaire. L'atmosphère se retrouve encombrée de milliards de tonnes de terre et de poussières volcaniques, ce qui empêche la lumière solaire d'atteindre le sol: les températures deviennent très rapidement polaires et les Végétaux cessent toute photosynthèse... On parle d'«hiver nucléaire», car l'effet serait comparable à celui d'une série d'explosions nucléaires. Il en résulte la disparition (brutale ou progressive, le sujet est âprement discuté...) de millions d'espèces vivantes, dont des centaines d'espèces de Dinosaures, le groupe entier des Ammonites... Un très grand nombre de niches écologiques se retrouvent ainsi «libérées»...
C'est alors que l'on observe, au cours des millions d'années qui suivent, une diversification très importante du groupe des Mammifères, qui augmentent considérablement en taille et en nombre d'espèces. De cette «radiation évolutive» naîtront plus tard les premiers primates, d'où est issue la lignée humaine... Et certains de faire la remarque que, sans les événements d'il y a 65 millions d'années, nous ne serions pas là pour en parler...
Et justement... Nous sommes bien là pour en parler. Hasard? Non. Était-ce «prévu»? Non plus! Ni hasard ni prédestination: simplement, les Dinosaures avaient eu leur chance, il était temps que les choses changent, de donner leur chance aux Mammifères... Ce qui n'empêche pas certains scientifiques d'affirmer que, si les Dinosaures n'avaient pas disparu, ce serait peut-être l'un de ces «Lézards géants» qui serait aujourd'hui l'espèce dominante sur Terre!! Et certains auteurs de science-fiction de renchérir, imaginant des Dinosaures civilisés, habillés, doués d'un langage parlé... Certes réellement stimulant pour l'imagination, mais totalement impossible!! Pourquoi? On peut invoquer de nombreuses raisons, en particulier le fait que le cerveau reptilien est loin d'être suffisamment développé pour mener à des comportements aussi complexes... Non, il semble bien qu'il y ait eu une «nécessité», à un moment donné de l'évolution, de voir d'autres êtres vivants prendre le pas et se retrouver sur le devant de la scène: en effet, les Mammifères, dotés d'un cerveau sensiblement plus important et complexe, vont être à l'origine de comportements nouveaux, de lignées nouvelles, comme les Primates, les Hominidés, l'Être humain...
Coévolution des Plantes à fleurs et des Insectes pollinisateur
Les premières Plantes à fleurs sont apparues il y a environ 130 millions d'années. Derrière son aspect esthétique et symbolique, la fleur représente une innovation évolutive considérable. En effet, tous les organes de la reproduction sexuée y sont regroupés: le pistil, ou appareil femelle, et les étamines, ou appareil mâle. La plupart des plantes à fleurs sont donc hermaphrodites. Chaque étamine comporte, à son extrémité, un sac à pollen, ou anthère, qui produit, comme son nom l'indique, des grains de pollen, déshydratés, qui peuvent survivre à des conditions défavorables avant de jouer leur rôle (chaque grain de pollen contient deux spermatozoïdes, parfois appelés anthérozoïdes pour les différencier des cellules reproductrices animales auxquelles ils ressemblent toutefois en tous points); à l'intérieur du pistil se forme un sac embryonnaire, ensemble de cellules comportant notamment l'oosphère, ou ovule.