Partie 2 : L'évolution biologique

L’apparition de la vie

Les énormes nuages et les masses d’eau des mers et des océans sont sans cesse bombardés par des rayonnements ultraviolets et des décharges électriques: les petites molécules que nous avons rencontrées précédemment (ammoniac, hydrocarbures et de nombreuses autres) sont ainsi constamment dissociées et les fragments qui en résultent peuvent se recombiner en une multitude de nouvelles petites molécules lors de processus chimiques complexes: alcools, sucres simples, graisses, acides aminés (futurs constituants des protéines)…

Naître, se nourrir, grandir, se reproduire…

Certaines de ces molécules peuvent alors s’associer en très longues chaînes flexibles qui se combinent entre elles et se replient en minuscules sphères creuses, prototypes des toutes premières cellules vivantes, sortes de bactéries très simples, il y a quasiment quatre milliards d’années. Au sein de ces protocellules, des réactions chimiques nouvelles, dites biochimiques, se mettent en place, permettant l’élaboration, la synthèse des molécules du vivant et la reproduction de ces cellules primitives. Parmi ces molécules, certaines sont riches en énergie chimique (sucres, alcools); d’autres molécules ont la capacité de récupérer cette énergie: c’est le début du métabolisme (production et consommation d’énergie). Les premières cellules sont donc déjà capables de se nourrir, de grandir, de se reproduire…

[Une théorie de plus en plus développée ces dernières années stipule, sur la base d'arguments nombreux et variés (et plutôt convaincants...) que les conditions de formation des toutes premières cellules semblent ne pas avoir pu exister sur Terre: elles auraient été réunies sur une autre planète (Mars?) et les premières Bactéries, peut-être déjà relativement diversifiées, auraient voyagé jusque sur Terre sur des météorites errant dans le système solaire (ou venant même de beaucoup plus loin!). Ainsi, la Terre aurait été «ensemencée» et la vie aurait une origine extraterrestre; pourquoi pas? Mais cette théorie n'explique toujours pas comment les premières cellules se sont formées; le saura-t-on jamais?...]

Parc National de Nitmiluk - Australie 2023 ©Théo Pensa
Parc National de Nitmiluk - Australie 2023 ©Théo Pensa

Chlorophylle, énergie solaire et oxygène

Mais toutes ces cellules vont être à l’origine de la première crise énergétique: en effet, à force de prélèvements de molécules nutritives dans l’eau des mers et des océans, cette dernière finit par s’appauvrir et les réserves énergétiques de l’environnement commencent à s’épuiser… C’est alors qu’il y a trois milliards d’années, une nouvelle molécule entre en scène, une molécule qui va révolutionner le monde vivant primitif: la chlorophylle, capable de capter l’énergie solaire et de la rendre utilisable par les premières cellules… végétales. La première crise énergétique est donc résolue par l’utilisation de l’énergie solaire pour fabriquer des molécules: c’est la photosynthèse. Ce processus biologique complexe produit un déchet dont l’accumulation dans l’environnement va radicalement en modifier les propriétés physico-chimiques: il s’agit de l’oxygène. Seules les cellules végétales chlorophylliennes en produisent: les premières constituent des Algues microscopiques, les Algues bleues.

Le grand arbre de l’évolution des êtres vivants, ou arbre darwinien

Selon la théorie dite de la «mise en commun», ce sont de telles cellules simples qui se seraient progressivement associées pour former des cellules complexes, puis des organismes pluricellulaires (constitués de plusieurs cellules – il y a environ deux milliards d’années).

fossile

La faune d’Ediacara

Bactéries et Algues bleues règnent dans les mers et les océans pendant… trois milliards d’années! Les premiers organismes pluricellulaires datent de «seulement» sept cents millions d’années: ce sont des méduses. Puis, ente -630 et -540 millions d’années, la vie explose littéralement, fournissant une impressionnante collection d’animaux invertébrés: c’est la faune d’Ediacara, qui doit son nom aux collines Ediacara, situées à 650 km au nord d'Adélaïde en Australie. Les fossiles de ces organismes ont été découverts dans le monde entier. Cette faune de l'Édiacarien s’est développée lors d'un événement appelé explosion d'Avalon après que la Terre soit sortie d'une longue période de glaciation. Toutefois, l’immense majorité de ces organismes a disparu, pour une raison encore inconnue, sans laisser de descendants… C’est à cette même époque, vers -600 millions d’années, qu’apparaissent les premiers coquillages.

Les Vertébrés

Puis, vers -500 millions d’années, de nouveaux organismes voient le jour. Ils sont dotés d’un squelette interne, présentant notamment une colonne vertébrale: ce sont les premiers Vertébrés, des Poissons à squelette souple, cartilagineux. Les premiers êtres vivants qui sortent de l’eau sont des Végétaux, vers -475 millions d’années: ce sont des Mousses. Les premiers Animaux qui sortent de l’eau, vers – 350 millions d’années, sont «intermédiaires» entres les Poissons à nageoires charnues et des Amphibiens «primitifs» (les premiers Amphibiens remontent à -360 millions d’années), premiers Animaux dotés de membres (Tétrapodes). Les premiers Reptiles datent de 300 millions d’années, les Mammifères de 200 millions d’années, et les Oiseaux, 150. Reptiles, Oiseaux et Mammifères présentent une particularité concernant leur reproduction: ce sont des Vertébrés amniotes (leur embryon se développe dans une poche, l’amnios, empli de liquide, dit liquide amniotique).

Mammifères, Primates, Hominidés, Homininés…

Les Mammifères existaient donc déjà à l’époque des dinosaures, mais il ne s’agissait que d’un nombre restreint d’espèces de petite taille: ce n’est qu’après la disparition des «Reptiles géants», qui libère une très grande variété de niches écologiques, que les Mammifères vont pouvoir «exploser»…

Parmi les Mammifères, un nouveau groupe apparaît il y a quelque 60 millions d’années, qui se caractérise par la présence d’ongles (au lieu de griffes), la capacité pour la préhension (en particulier grâce à la main), une vision binoculaire et, parfois, un cerveau très développé: ce sont les Primates, dont de nombreux sont arboricoles (petits et grands Singes). Au sein de ce groupe, les Hominidés regroupent l’Orang-outang, le Gorille, le Chimpanzé, le Bonobo et l’Être humain. Les Homininés (-7 millions d’années) comprennent toutes les espèces de la lignée humaine, dont la seule qui subsiste aujourd’hui est notre espèce.
Voilà. Que de chemin parcouru entre les quarks et le cerveau humain!! Mais attention! Cette succession d'animaux ne signifie nullement que l'être humain soit le sommet de l'évolution ni que l'évolution soit terminée ! En effet, qui est le plus évolué? Une créature pensante capable de s'interroger sur ses propres origines, ou bien un arbre, par exemple, capable de survivre fixé au même endroit pendant plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires, de jour comme de nuit, été comme hiver, qu'il fasse beau temps, qu'il pleuve, neige ou vente? Deux voies évolutives fort différentes, dont aucune ne peut être qualifiée de «supérieure» ou d'«inférieure»... Il faut donc bien se garder de tout jugement de valeur concernant les différents êtres vivants; chacun est, à sa façon, adapté à son environnement et à son mode de vie...

coquelicot

L’évolution des Végétaux

Cette course vers la complexité se retrouve bien évidemment dans l’évolution de la lignée végétale:

  • Les premiers Végétaux sont des Algues unicellulaires microscopiques;
  • Il y a au moins un milliard d’années apparaissent les premières Algues, qui se différencient en Algues vertes, Algues rouges et Algues brunes, toutes aquatiques; c'est il y a environ 420 millions d'années que le retrait des océans a favorisé l'adaptation de certaines algues vertes au milieu terrestre;
  • Il y a environ 350 millions d’années naissent les premières Mousses et Hépatiques, plantes sans racines ni tiges;
  • Les Fougères sont les premiers Végétaux «vasculaires», c’est-à-dire dont les tiges, les feuilles (frondes) et les racines sont munies de vaisseaux conducteurs de la sève; ces Végétaux ont connu leur apogée il y a quelque 300 millions d’années; certaines de ces Fougères, arborescentes (Cycas, Ginkgo biloba), se mettent à produire de nouveaux organes qui vont révolutionner la biologie végétale: des graines (on parle de «Fougères à graines»);
  • Les Conifères existent depuis 300 millions d’années: ils se caractérisent par la présence de fleurs «primitives», les cônes (comme les «pommes de Pin»);
  • Les véritables «plantes à fleurs» n’apparaissent qu’il y a environ 150 millions d’années, mais ce sont elles qui dominent aujourd’hui les populations végétales. Adaptées à tous les milieux, les plantes à fleurs présentent également tous les «ports» possibles, des plantes herbacées jusqu’aux arbres en passant par les arbrisseaux et les arbustes. Chez ces Végétaux, les ovules, cellules reproductrices femelles sont protégées dans une cavité, l’ovaire; après fécondation, c’est cet ovaire qui se transforme… en fruit.

Il faut toutefois noter qu'en nombre d'espèces, la majorité des êtres vivants est restée sous forme... unicellulaire! Oui, la plupart des Animaux et des Végétaux sont microscopiques, et constitués d'une seule cellule! En comparaison, seule une petite minorité d'êtres vivants sont constitués de plusieurs cellules, voire d'un grand nombre, comme ceux que j'ai décrits ci-dessus... D'ailleurs, certains scientifiques utilisent cette découverte pour affirmer que l'apparition d'êtres vivants complexes, composés d'un grand nombre de cellules, n'a été qu'une possibilité évolutive, et non pas une tendance générale; mais n'est-ce pas là confondre des aspects qualitatifs et quantitatifs (faudrait-il que les êtres vivants pluricellulaires soient les plus nombreux pour confirmer la tendance de l'évolution à produire des formes de vie de plus en plus complexes?...)?

Article écrit par David EspessetChercheur indépendant en philosophie des sciences, épistémologie et évolution non darwinienne.