Partie 5 : Le "sens" de l'évolution - suite

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Les progrès de l’évolution mènent à des structures plus complexes, mais qui, dans la plupart des cas, ne sont ni plus efficaces, ni mieux adaptées. Ainsi, des êtres vivants très anciens peuvent n’avoir que très peu évolué au cours des temps géologiques (on parle d’espèces panchroniques): la Blatte, par exemple, semble quasiment inchangée depuis 400 millions d’années!! Cela signifie que ce petit organisme est particulièrement efficace et adapté depuis des temps immémoriaux. Et que dire des Bactéries, dont de très nombreuses espèces semblent exister depuis plus de trois milliards d'années (les plus anciennes auraient 3,9 milliards d'années) et ont virtuellement colonisé tous les milieux présents sur Terre depuis ces temps extrêmement reculés!!

Il y a toutefois des contre-exemples, même s’ils sont relatifs. Nous l’avons vu, les Plantes à fleurs sont apparues il y a quelque 150 millions d’années, à une époque où la Terre était colonisée par les Fougères et les Conifères; or, aujourd’hui, la majorité des Végétaux sont… des Plantes à fleurs! Il est donc clair que les «inventions» de la fleur, du fruit et de la graine (entre autres) sont à l’origine de l’immense «succès» des Plantes à fleurs, qui ont eu tendance à remplacer beaucoup d’autres formes végétales plus «simples». Par contre, du côté des Animaux, les Invertébrés, plus anciens et plus «simples», restent hyper-majoritaires, en nombre d’espèces et d’individus, devant le groupe, beaucoup plus restreint, des Vertébrés…

Comparaisons du taux de mutation selon les régions de l’ADN

Selon la Théorie de l’évolution, le moteur principal de l’évolution réside dans la capacité de l’ADN, molécule qui porte les gènes, donc l’information génétique, de «muter», c’est-à-dire d’être modifiée, d’où bien sûr modification de l’information génétique d’où il découle, selon les cas, des modifications des caractères des êtres vivants; les mutations sont supposées intervenir au hasard au sein de la molécule d’ADN. Il est d’ailleurs possible de calculer des «taux de mutation» moyens. Toutefois, des études de biologie moléculaire montrent que, d’une région de l’ADN à l’autre, le taux de mutation n’est pas le même, et peut parfois varier de façon importante:

  • Si une région de l’ADN porte une information peu importante qualitativement, son taux de mutation sera supérieur à la moyenne; on observe d'ailleurs certaines régions de l'ADN qui sont dites «hyper-variables» à cause de leur fort taux de mutation, et qui peuvent servir pour établir ce que l'on appelle des «empreintes génétiques» (ce que l'on appelle les «tests ADN» dans les médias, et qui permettent parfois d'identifier des criminels...);
  • ? Inversement, si une région de l’ADN porte une information très importante, son taux de mutation sera faible: c’est le cas des gènes qui codent pour certaines protéines (les histones) qui entrent dans la composition des chromosomes. Il s'agit de protéines extrêmement importantes pour la vie des cellules, car toute anomalie de la forme des chromosomes peut avoir une influence néfaste sur la division cellulaire et la transmission de l'information génétique...

Il est donc clair que la notion de «hasard» reste totalement à définir… à moins que les mutations de l’ADN ne surviennent finalement pas tant que cela au hasard…

Ainsi, «contrairement à ce qu’affirme le biologiste Jacques Monod, [mais aussi Stephen Jay Gould ou Alexandre Meinesz], grand défenseur de l’idée de hasard universel, la vie ne semble pas explicable par une série d’accidents. Il y a aussi peu de chances (…) que des systèmes complexes soient apparus par hasard dans l’Univers, qu’un Boeing 747 s’assemble spontanément au cœur de la ceinture des astéroïdes, à partir des matériaux environnants. Tout semble au contraire avoir été minutieusement préparé, organisé dans le grand Théâtre cosmique pour permettre l’apparition, sur la scène de l’Univers, d’une matière ordonnée, puis de la vie, et enfin de la conscience.» (Igor & Grichka Bogdanov, Le visage de Dieu.)...

Et, personnellement, j’irai même plus loin: pour moi, les termes «hasard», «aléa», «contingence», ne sont que de simples aveux d’ignorance. Lorsqu’on dit que quelque chose est arrivé «par hasard», on ne fait qu’avouer, à demi-mot, que le déterminisme de telle ou telle série d’événements nous est parfaitement inconnu, que nous ne savons pas l’expliquer, même si certains auteurs semblent croire apporter une explication «scientifique» en utilisant le mot «hasard»… Mieux, ce n'est pas parce que l'on ne trouve pas de loi mathématique pour décrire l'occurrence d'une suite de contingences que cette loi mathématique n'existe pas; il faut peut-être chercher beaucoup plus loin, beaucoup plus longtemps, beaucoup plus complexe

Article écrit par David EspessetChercheur indépendant en philosophie des sciences, épistémologie et évolution non darwinienne.